Par Maridjo Graner (reproduit avec son aimable autorisation)
La Psychologie de la Motivation a été élaborée par le philosophe et psychologue Paul Diel, né à Vienne en 1893 et mort à Paris en 1972, à la fois en continuité et en rupture avec la psychanalyse. Paul Diel se réfère autant à Adler qu’à Freud, tout en apportant un éclairage différent en bien des points sur le fonctionnement psychique de l’homme. Chargé de recherche au CNRS, il exerça comme psychothérapeute au Laboratoire de Psychobiologie de l’enfant que dirigeait Henri Wallon.
La Psychologie de la Motivation comporte différents aspects, tous liés entre eux et que l’on peut essayer de classer et de résumer comme suit :
1. Une méthode : l’observation clinique ne pouvant déceler que les manifestations extérieures du travail intérieur qui se fait en chacun de nous, Diel reconnaît que seule l’auto-observation, ou introspection, permet d’appréhender directement l’intimité du psychisme. A l’encontre des idées de son époque, il va élever l’introspection au rang d’une méthode à part entière dont il définira les règles et les critères pour qu’elle soit objective.
2. Une description du fonctionnement psychique : c’est donc en s’observant lui-même qu’il découvre que nous délibérons constamment pour décider quels désirs réaliser en vue de notre satisfaction. Nos désirs reconnus devenant nos motifs d’action, il reconnaît dans la recherche de satisfaction l’essentiel du fonctionnement psychique et le sens même de la vie humaine, et en fait l’objet d’étude de la psychologie (nous reviendrons sur le détail de cette étude des désirs).
3. Une étude du fonctionnement extraconscient, formé non seulement du subconscient découvert par Freud mais aussi d’une fonction plus lucide que le conscient : le surconscient, créateur des mythes et inspirateur de la culture, mais qui ne doit pas être confondu avec le surmoi freudien. Les productions extraconscientes, qu’elles soient sur ou subconscientes : mythes, rêves, symptômes psychopathiques, caractérisées par leur expression symbolique, gardent un caractère énigmatique qui nécessite une « traduction » en langage conceptuel pour être clairement comprises.
4. Une étude de l’évolution du fonctionnement psychique à partir de l’inconscient animal jusqu’à la délibération de l’être humain qui n’est plus guidé par l’instinct et doit choisir entre ses désirs grâce à sa réflexion plus ou moins consciente
5. Un ensemble de réflexions à portée philosophiques, qui dépasse le cadre habituellement imparti à la psychologie, bien que la vision des valeurs et du sens de la vie fasse clairement partie des préoccupations humaines.
Reprenons rapidement ces différents points : pour Diel, la vie tire son énergie des désirs qui poussent tout être vivant à chercher sa satisfaction dans le monde extérieur. L’homme possède en commun avec l’animal les pulsions élémentaires, mais significativement élargies : – nutrition : devenue pulsion matérielle et sociale, qui pousse les hommes à s’unir pour leur survie matérielle, – procréation : devenue pulsion sexuelle, élargie par les sentiments, – évolution : devenue pulsion spirituelle, recherche de direction, de sens, de valeur. Diel ne privilégie pas, comme Freud, un ordre de désirs en particulier. Tous concourent à la conservation satisfaisante de la vie. L’évolution est un cas particulier de ce besoin de conservation : les espèces évoluent pour pouvoir survivre quand les circonstances sont défavorables. Nous avons vu que l’homme n’étant plus déterminé par l’instinct doit choisir entre ses désirs, que ce choix incessant est sa délibération, mi-consciente, mi-extraconsciente.

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